A L'HISTOIRE DE FRANCE, [i5^4]                   85
en avoir la raison. Le Roy ayant entendu sa mort, rendit en presence de plusieurs à sa memoire im témoignage signalé, qui sert pour montrer que les roys, encor que souvent ils fassent faire le mal, toutesfois ils le hayssent, et que Dieu se sert ordinairement d'eux-mêmes pour en punir les executeurs. Il dit donc ces mots : « Co­te connas étoit un gentilhomme vaillant et brave, mais « méchant, voire un des plus méchants que je croy qui « fut en mon royaume. Il me souvient luy avoir ouy « dire entr'autres choses, se vantant dè ta Saint-Bac-« thelemy, qu'il avoit racheté des mai ns du peuple jus-.« qu'à trente huguenots, pour avoir le contentement « de les faire mourir à son plaisir, qui étoit de leur « faire renier leur religion, sous la promesse de leur « sauver la vie : ce qu'ayant fait il les poignardoit, et « faisoit languir et mourir à petits coups cruelle-« ment. Du depuis, dic le Roy, je n'ay jamais aymé « Coconnas,*et l'ay toujours tenu digne de là fin qu'il a a eue. »
Le vendredy, dont le roy Charles mourut le dimanche ensuivant sur les deux heures après midi, ayant fait apeller Mazille, son premier medecin, et se plaignant des grandes douleurs qu'il souffroit, luy demanda s'il n'étoit pas possible que luy, et tant d'autres grands médecins qu'il y avoit én son royaume, luy pussent donner quelque allégement en son mal ; « car je suis, « dit-il, horriblement et cruellement tourmenté. » A quoy Mazille répondit que tout ce qui dependoit de leur art ils l'avoient fait; et que mêmele jour de devant," tous ceux de leur Faculté s'étoient assemblés pour y donner remede; mais que pour en parler à la verité, Dieu étoit le grand et souverain medecin, en telles ma-